12 août 2005

Le bunker avec SevDig.

Je perds une grande partie de la journée à essayer de trouver où se trouvent les carrières souterraines d'Inkerman. Au moins une partie est maintenant une cave-carrière avec une distillerie. Les vins et spiritueux d'Inkerman sont renommés. Il y a des excursions organisées dans ces caves, mais je préfère éviter les visites en groupe.
Et bien, j'ai lu des guides, étudié des cartes, cherché sur Internet, interrogé une dizaine de personnes à Sevastopol et Inkerman, et personne ne sait où elles sont. J'imagine que les cavistes ne veulent pas de visiteurs individuels, seulement des groupes.

J'essaie de voir le célèbre panorama de Sevastopol. C'est une immense fresque circulaire représentant la bataille de 1855 en grandeur nature. Ce panorama d'environ 100 m de circonférence est aussi grand que ceux de Waterloo (Belgique) ou Wrocław (Pologne). Je renonce en voyant la file interminable sous le soleil de plomb.

Je dois encore changer d'hôtel. Je retourne à l'Hôtel Ukraina, mais dans une chambre non rénovée cette fois-ci (ce qui me convient très bien). Ils disent qu'il y a de l'eau chaude de 7 à 9 matin et soir, mais je n'ai pas pu vérifier, puisque je suis rentrée après 21 h et repartie avant 7 h :-)

J'ai rendez-vous en fin d'après-midi pour la visite d'un énorme bunker dans les environs de Sevastopol. Je retrouve Edouard de Sevdig (Sevastopol Diggers) et “Krokodil”, sa drôle de voiture. Vous voyez les autocollants en forme d'impact de balles sur le pare-brise ?




Le bunker a été creusé dans une colline à quelques kilomètres de Sevastopol. On a peint de fausses fenêtres sur le bâtiment d'entrée, pour qu'il ressemble à un bâtiment ordinaire sur les photos par satellite.




Le bunker est immense : 27 000 m² répartis sur plusieurs niveaux (jusqu'à 5 étages). De 1972 à 1993, il a servi de quartier général de secours pour l'armée basée à Sevastopol, au cas où le Q.G. du centre-ville serait hors service. La plupart des pièces étaient des bureaux. On peut aussi voir des locaux techniques (compresseurs, filtres à air...), un puits de 180 m qui remonte à la surface, une salle de cinéma et une piscine.
"Объект 221" est absolument vide. Tout a été volé et ferraillé, y compris les cages d'escalier et les portes. On marche sur des gravats, parce que des gens ont abattu les cloisons pour y récupérer le fer à béton. J'imagine à quel point ces gens étaient désespérés pour dépenser une telle énergie pour de la ferraille.
C'est très humide à l'intérieur, et il y a un brouillard permanent. C'est pour ça que je n'ai aucune photo décente de l'intérieur. Vous pouvez en voir ici.


Edouard est assez méfiant envers moi au début, et puis il se détend au fur et à mesure que nous avançons sous terre. La communication est difficile : son anglais est presque aussi mauvais que mon russe. Heureusement, beaucoup de termes militaires russes sont tirés du français.
Edouard me parle de l'association "Fort" dont il est le président. Ils s'intéressent aux fortifications et aux souterrains dans la région de Sevastopol. Il m'explique que la plupart des souterrains d'ici sont à vocation militaire. Il y a quelques souterrains civils, comme les caves-carrières d'Inkerman, mais ils sont petits. L'essentiel des carrières d'Inkerman est à ciel ouvert.
De retour à Sevastopol, Edouard me montre des films sur les souterrains sous Sevastopol et ses environs. Ces films sont très intéressants, et les images expliquent tout ce dont nous n'avons pas pu parler, faute d'une langue commune. Certains bunkers n'ont pas été pillés, parce qu'ils sont encore en service ou très difficiles d'accès.